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Denim World Tour Épisode #6 : Europe

Découvrez les différents visages du denim grâce au Denim World Tour, une série d’articles dédiée à l’histoire du denim à travers le monde.  

Après un premier article sur le denim italien, retrouvez ici l’histoire du denim sur le reste du continent européen. Depuis ses origines contestées jusqu’à la production actuelle, en passant par l’influence du prêt à porter sur son évolution, l’histoire du denim est solidement ancrée sur le territoire européen.  

L’origine du denim

L’histoire du denim est, selon la légende, intimement liée à la ville française de Nîmes, qui lui aurait donné son nom.  

À la fin du XVIIe siècle, Nîmes connait un essor économique considérable grâce à son industrie textile. La capacité de production de ses manufactures en fait la première ville française pour la production de bonneterie, de draps de laine et de châles, qui s’exportent dans toute l’Europe. D’abord spécialisée dans la soie, l’industrie locale se spécialise bientôt dans un tissu nommé « sergé de Nîmes ». Ce textile à l’armure sergée aurait été à l’origine inventé par des bergers résidant dans les montagnes environnantes, les Cévennes. À la recherche d’un tissu suffisamment résistant pour être porté dans le cadre de leur travail, ils mirent au point ce sergé. Teint à l’indigo, il était alors composé de laine et de soie, matériaux présents en abondance dans les montagnes.  

Lorsque le denim est arrivé au Royaume-Uni, il était entièrement composé de coton. Les historiens s’interrogent donc sur le lien entre le sergé de Nîmes et le denim moderne. Une autre théorie est qu’il viendrait du jean génois, qui était composé d’un mélange de coton et de lin. Le mot jean viendrait même du nom de la ville de Gènes en ancien anglais : Jeane. Il s’agissait d’une toile robuste de couleur bleue, qui servait à vêtir les marins et les paysans.  

Cependant, au XVIIIe siècle, l’augmentation du coût de la laine et la facilité d’accès au coton ont conduit les fabricants à diversifier la composition de leurs textiles. Il est donc tout à fait possible que le sergé de Nîmes ait évolué vers une composition en coton. 

À l’époque où la production du denim a commencé aux États unis, on distinguait le denim et le jean de cette façon : le premier était tissé à partir d’un fil blanc et d’un fil de couleur – comme celui des bergers des Cévennes – et le second était créé à parti de deux fils de couleur.  

Personne ne peut aujourd’hui établir de chronologie précise de l’histoire du denim. On sait néanmoins que l’invention du sergé de Nîmes occupe une place importante dans l’histoire de la ville.  

Le denim et la France

L’histoire du denim est étroitement liée à celle du prêt-à-porter. À la fin des années 1980, Helmut Lang est l’un des premiers créateurs à proposer un jean minimaliste, préfigurant la recherche de pureté qui a marqué les années 1990. Sans couture ni patch, sa version du jean se concentrait la justesse de la coupe, taille haute et jambe fuselée, et sur la qualité de la matière.  

Si le jean est souvent présenté comme un vêtement universel, la réalité est plus subtile. Le vêtement s’adapte à chaque culture et à ses canons de beauté : les jeans français diffèrent des jeans américains ou japonais. Le jean japonais, par exemple, est droit. Le jean français, à l’inverse, est porté en seconde peau, pour suggérer et révéler le corps. 

Le denim occupe actuellement en France une place aussi importante que dans le reste de l’Europe et du monde. Il s’est imposé comme la base de toute garde-robe, peu importe le genre, l’occasion ou la classe sociale.

Les marques françaises de jean

Aujourd’hui, et ce malgré une production de jeans modeste, la France compte plusieurs marques engagées autour de ce produit. Basées sur un concept de sourcing et de production ultra locale, elles proposent des vêtements de qualité et à faible impact. Les compositions se diversifient pour ne plus reposer uniquement sur le coton, privilégiant notamment le lin et le chanvre.  

Parmi ces entreprises engagées, on compte différentes approches. Certaines s’inscrivent dans une tradition familiale, en s’appuyant sur l’expertise de générations de tailleurs spécialisés dans le denim. D’autre parient sur le Made in France, en proposant des jeans en lin. D’autres encore importent du coton bio certifié GOTS, qu’ils mélangent à de la laine européenne. La production est locale, parfois même la filature. Les finissages sont plus responsables, par exemple en utilisant moins d’eau.

Sourcing local

En 1850, le chanvre constituait 75% des textiles produits. Aujourd’hui, le lin et le chanvre sont de plus en plus utilisés en alternative au coton.

Le chanvre Marmara

MARMARA Original® est produit à partir des meilleures fibres de chanvre français. Elles sont produites sans irrigation, sans herbicides et sans intrants phytosanitaires. Les zones de productions sont situées près de la mer, garantissant un climat doux et humide. Leur traitement durable en fait la première fibre de chanvre cotonisée certifiée. L’attention est mise sur le processus du rouissage, en collaboration avec les agriculteurs, pour que les fibres présentent la meilleure finesse possible pour la filature. Au cours du processus industriel, plusieurs lots sont mélangés pour garantir une qualité et une couleur constante. 

Le lin français

La France est le premier producteur de lin au monde. La filature, en revanche, est la seule étape qui doit être délocalisée, la dernière filature française ayant fermé en 2005. Actuellement, les filatures les plus proches se situent en Espagne, en Italie et en Pologne.
En 2018, le projet « Linpossible » voit le jour, pour créer collectivement les conditions du retour d’une filature de lin en France. L’objectif étant d’avoir une filière lin 100% française.

Champs de lin

Coton Blue Seed

Le coton Blue Seed est un hybride, non OGM, développé par le producteur de denim Italien Candiani. Cette variété exclusive est un croisement entre un coton non OGM qui pousse en altitude, et un coton aux fibres extra-longues. Le résultat associe les qualités des deux variétés, avec une fibre longue et résistante, nécessitant moins d’eau et de produits chimiques que le coton conventionnel.  

Les plants poussent déjà avec succès en Espagne, en Grèce et aux États-Unis.  

Selon Candiani, la haute qualité de ces fibres permet de les mélanger à des cotons à fibres courtes, issues du recyclage post-consumer.

L’industrie textile Portugaise

L’industrie textile du Portugal est réputée comme étant la plus forte d’Europe. Elle constitue un élément important de l’économie, et représente environ 15% des exportations totales. Sur l’ensemble des textiles produits au Portugal, 40% sont exportés vers les États-Unis. 

Les filatures et manufactures sont pour l’essentiel implantées au Nord du pays, autour des villes de Braga et Porto. Les processus de productions sont uniques et très performants, et combinent l’artisanat traditionnel avec les dernières innovations. L’accent est également mis sur les pratiques responsables, d’un point de vue social et environnemental.

Les acteurs du denim européen chez Première Vision sont : Troficolor Denim Makers (Portugal), Tavex Evlox (Espagne). Chez les entreprises françaises, plusieurs ont une offre denim, comme Velcorex Since 1828, Verne & Clet et Balas Textile.

Sources:  
https://theculturetrip.com/europe/france/articles/how-the-history-of-denim-can-be-traced-back-to-nimes/ 
https://sundaycitizen.co/blogs/news/portuguese-textiles
https://www.candianidenim.com/en/innovation/cotton-evolution
https://www.linpossible.fr/

Retrouvez les précédents articles du Denim World Tour sur le magazine Première Vision : avec le denim japonais, italien, américain, et d’Asie du Sud-Est.

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