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Denim World Tour Épisode #4 : Asie du Sud-Est

Usage ancestral de l’indigo

L’histoire du jean est indissociable de celle de l’indigo. Cette teinture naturelle ancestrale, à la couleur bleue éclatante, est utilisée en Asie depuis plus de 4000 ans. Les premières traces ont été retrouvées dans la vallée de l’Indus, région s’étendant entre l’actuelle Inde et le Pakistan, au troisième millénaire avant notre ère. 

En Occident, les Grecs et les Romains utilisaient également l’indigo. Il était aussi très apprécié en Egypte, où il était surnommé Wadjet, du nom de la déesse à la peau bleue. 

La production de l’indigo se faisait traditionnellement en faisant fermenter les feuilles de l’indigotier, ou Indigofera tinctoria, une plante cultivée dans de nombreuses régions du monde, notamment en Inde, en Égypte et en Amérique du Sud. Les feuilles, récoltées à la main, étaient fermentées dans l’eau. De ce liquide fermenté était extrait le pigment. Ce processus, long et minutieux, en faisait une denrée précieuse. 

À mesure que les routes commerciales se sont développées en Asie, l’utilisation de la teinture Indigo s’est répandue depuis l’Inde vers d’autres cultures, notamment en Chine, au Japon et en Asie du Sud-Est. 

Inde

L’indigotier était donc cultivé en Inde ancienne pour produire de l’indigo. Cette teinture, très appréciée pour sa texture riche et profonde, était utilisée pour colorer toutes sortes de produits allant des textiles aux cosmétiques.

Le processus initial, qui consistait en la fermentation de feuilles d’indigotier dans de grandes cuves, était laborieux. Les teinturiers indiens ont perfectionné ce procédé au fil du temps, se transmettant les techniques de génération en génération. 

Outre l’usage textile, l’indigo était également utilisé en Inde comme plante médicinale.

Chine

Les premières traces de teinture à l’indigo en Chine remontent à la dynastie Han (206 av. J.C. – 220 ap. J.C.). 

La teinture à la cire est particulièrement pratiquée par les groupes ethniques Miao, Yao et Buyei du sud-ouest de la Chine. Anshun, dans la province du Guizhou, est le royaume du laran. Ce procédé consiste à appliquer une couche de cire d’abeille (aujourd’hui un mélange de cire et de pâte de soja) sur du coton blanc. Le coton ainsi apprêté est ensuite placé dans la teinture indigo. Les zones couvertes de cires sont protégées et n’absorbent pas la couleur. Après la teinture, une fois la cire fondue dans l’eau chaude, le dessin apparait en blanc sur fond bleu.

Sous la dynastie Ming (1368-1644), les tissus teints à l’indigo sont devenus de plus en plus populaires, en particulier parmi les élites. Outre sa couleur éclatante, l’indigo était apprécié pour sa capacité à repousser les insectes et à résister à la moisissure.

Japon

L’indigo aurait été introduit par la Chine au cours de la période Asuka (592-710). La vallée de Yoshinogawa étant un lieu très propice à la culture de l’indigotier, la province d’Awa est rapidement devenue la première région productrice d’indigo du Japon. 

La méthode traditionnelle, le procédé sukumo, consistait à faire fermenter un mélange de feuilles d’indigo, de son de blé et de calcaire. Le pigment bleu ainsi obtenu était ensuite utilisé pour teindre des textiles, du papier et d’autres matériaux.

Pendant la période Sengoku (1467-1568), la demande en tissus teints à l’indigo a fortement augmenté. En effet, les propriétés antiseptiques de ces tissus le rendait très prisé des guerriers, qui portaient ces étoffes sous leurs armures. 

L’indigo a donné naissance à plusieurs arts textiles traditionnels, comme le shibori (teinture à réserve), ou le katazome (teinture au pochoir), encore pratiqués aujourd’hui.

Asie du Sud-Est

En Asie du Sud-Est, l’indigotier était cultivé et traité dans plusieurs pays, notamment la Thaïlande, le Viêt Nam et l’Indonésie. La méthode traditionnelle de teinture à l’indigo en Asie du Sud-Est consistait à faire fermenter les feuilles d’indigotier dans de grandes cuves en argile, processus qui pouvait durer plusieurs années.

Dans ces pays, la teinture à l’indigo était utilisée pour créer de magnifiques tissus batik. Leurs motifs caractéristiques étaient dessinés à la cire sur des toiles non teintes. Après coloration à l’indigo, le tissu était bouilli, provoquant la disparition de la cire. Les motifs se révélaient alors dans la couleur d’origine du tissu. Les batiks étaient utilisés à des fins très diverses, de l’habillement à l’ameublement, et étaient appréciés pour leurs motifs complexes et leur durabilité.

Indigo et colonialisme

Après l’Asie, l’indigo s’est répandu au Moyen-Orient, où il était très prisé pour sa couleur bleue foncée. Au Moyen Âge, les marchands arabes l’ont apporté en Europe, où il est devenu populaire parmi la noblesse. Sa production nécessitant beaucoup de travail, il était considéré comme étant un produit de luxe.

Au XVIe siècle, les commerçants européens ont commencé à importer l’indigo d’Inde, où il était cultivé en abondance. Les Portugais, les Hollandais et les Britanniques ont établi des routes commerciales pour ramener l’indigo en Europe. La Compagnie britannique des Indes orientales est devenue l’un des plus grands importateurs d’indigo, faisant de la teinture l’une des marchandises les plus importantes de l’Empire britannique.

Au XVIIe siècle, l’indigo était devenu un produit d’exportation majeur pour l’Inde, les commerçants britanniques et hollandais l’achetant en grandes quantités pour le marché européen. La Compagnie britannique des Indes orientales a même établi des plantations d’indigo en Inde, contraignant les paysans indiens à des conditions de travail difficiles, et à cultiver l’indigo à la place de leurs cultures vivrières.

Indigo synthétique

L’invention de l’indigo synthétique à la fin du XIXe siècle a révolutionné l’industrie. Le chimiste allemand Adolf von Baeyer a synthétisé l’indigo en 1878, et la teinture synthétique est rapidement devenue plus accessible que sa version naturelle. Aujourd’hui, la majeure partie de l’indigo est produite de manière synthétique, et utilise le pétrole comme matière première.

Malgré l’utilisation répandue de l’indigo synthétique, l’indigo naturel est encore produit dans certaines parties du monde. Au Japon, l’art traditionnel de la teinture à l’indigo, connu sous le nom d’aizome, est toujours pratiqué. En Afrique de l’Ouest, la teinture à l’indigo est une tradition vieille de plusieurs siècles, et les tissus d’un bleu éclatant produits par le peuple touareg sont toujours très prisés.

Ces dernières années, les teintures naturelles, dont l’indigo, ont suscité un intérêt croissant. Elles sont considérées comme plus respectueuses de l’environnement que les teintures synthétiques, même si leur impact n’est pas neutre. Elles sont également appréciées pour leurs couleurs et leurs textures uniques. En réponse à cet intérêt croissant, de petits producteurs d’indigo ont commencé à émerger, produisant de l’indigo naturel en utilisant des méthodes durables.

L’industrie du denim aujourd’hui

Inde

La toile de denim, quant à lui, a une histoire plus récente en Inde. Au début du XXe siècle, les usines textiles indiennes ont commencé à produire un tissu de coton grossier et robuste appelé khadi, qui était utilisé pour fabriquer des vêtements indiens traditionnels tels que les dhotis et les saris. Toutefois, pendant la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement britannique a commencé à importer de grandes quantités de jeans des États-Unis pour habiller ses troupes stationnées en Inde.

Après la guerre, la production de denim en Inde a continué à se développer, les usines indiennes produisant leurs propres tissus denim pour le marché local. Aujourd’hui, l’Inde est l’un des plus grands producteurs de denim au monde, avec de grands producteurs textiles tels que Arvind Mills, Raymond Ltd et LNJ Denim.

Chine

En Chine aussi, l’histoire du denim est plus récente. Au début du 20e siècle, des tissus denim ont commencé à être importés des États-Unis et d’autres pays. Ces tissus étaient principalement utilisés pour les vêtements de travail, car ils étaient durables et pouvaient résister à un usage intensif.

Dans les années 1950 et 1960, le denim est devenu populaire parmi les jeunes Chinois en tant que symbole de rébellion. Pendant la révolution culturelle (1966-1976), cependant, le denim et d’autres styles vestimentaires occidentaux ont été interdits.

Aujourd’hui, le denim est à nouveau populaire en Chine, les consommateurs chinois achetant de grandes quantités de jeans et autres vêtements en denim.

Les exposants Advance Denim, Prosperity Denim, Foison et Black Peony sont parmi les acteurs les plus importants de la région.

Bengladesh

Suite à la catastrophe du Rana Plaza en 2013, provoquant plus de mille morts parmi les employés de l’industrie du textile et de la confection, des initiatives ont vu le jour pour s’assurer qu’un tel drame ne se reproduise pas. De 2013 à 2018, une association de marques américaine a créé Alliance for Bangladesh Workers Safety (Alliance pour la sécurité des travailleurs du Bangladesh). Leur objectif était d’auditer les usines, d’identifier les manquements en termes de sécurité du travail, et d’y remédier. 

Suite à ces progrès sociaux, et à l’amélioration des technologies de fabrication des tissus, le Bangladesh est devenu le premier producteur de denim sur les marchés de l’Union européenne et des États-Unis. Il compte aujourd’hui environ 35 usines de denim, ayant une capacité d’un million de yards par mois. Certaines de ces entreprises sont des leaders mondiaux en terme d’innovation produit et d’éco-responsabilité, comme Pacific Jeans, M&J Group et Square Denim.

Le denim chez Première Vision

Les acteurs majeurs du denim d’Asie du Sud-Est exposent chez Première Vision. 
Chine : Advance Denim, Prosperity Textile, Black Peony
Bangladesh : Square Denims Ltd. Les deux confectionneurs les plus importants sont également exposants chez Première Vision : Pacific Jeans et M&J Group.

La sélection Première Vision:

Voir toute la sélection de denim d’Asie du Sud-Est sur la marketplace Première Vision.

Sources:

https://theregistryofsarees.com/blogs/news/a-brief-history-of-indigo
https://en.wikipedia.org/wiki/Indigo_dye
https://blog.fabrics-store.com/2020/10/13/indigo-in-china-ancient-roots/
https://www.japan.travel/en/japan-magazine/exploring-the-origins-of-aizome-traditional-indigo-dyeing/
https://en.wikipedia.org/wiki/Indigo_revolt
https://denimdudes.co/a-case-for-natural-indigo/
https://medium.com/@tsbojer/the-history-of-indigo-dyeing-and-how-it-changed-the-world-35c8bc66f0e9
https://textilevaluechain.in/in-depth-analysis/indian-denim-industry-facing-problems/
https://www.chinadaily.com.cn/culture/2015-11/19/content_22485255.htm
http://www.asiantextilestudies.com/indigo.html
http://www.asiantextilestudies.com/indigo.html
http://french.china.org.cn/travel/lisa/2017-09/04/content_50009298.htm

Retrouvez les précédents articles du Denim World Tour: Japanese denim, Italian denim et American denim.

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