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Smart Key : Les défis de la traçabilité


Perçons les secrets des matières éco-responsables avec les Smart Keys. Au cœur des questionnements autour de l’éco-conception, les Smart Keys s’intéressent à l’analyse des solutions disponibles pour vous accompagner dans un sourcing matière toujours plus éclairé. Aujourd’hui, découvrons les spécificités de la traçabilité. Savoir où et comment est faite sa matière parait évident dans l’idée, mais lorsqu’il s’agit de textile, de cuir ou de composants accessoires, l’histoire est tout autre. Multiples étapes de transformations et acteurs de la chaine de valeur souvent éclatés aux quatre coins du globe, font de cette démarche de traçabilité le Graal actuel.


Transparence & traçabilité

Passer de l’opacité à la transparence ! Il ne s’agit pas ici de thématique de mode, mais de manière d’opérer dans l’industrie. Si la traçabilité est obligatoire pour les chaines d’approvisionnements alimentaires, ce n’est pas le cas en textile, cuir ou composants. Légalement, seules les compositions en pourcentage doivent apparaitre obligatoirement.

Si la législation, particulièrement en Europe avec le devoir de diligence, encourage les entreprises à en savoir plus sur l’origine de leurs matériaux et à démontrer les conditions dans lesquelles ils sont produits, la traçabilité reste une démarche encore volontaire, sans réglementation actuelle.

Face à des consommateurs de plus en plus demandeurs d’informations sur la provenance et la façon dont sont développés leurs vêtements et accessoires, bien au-delà du « made in », il est nécessaire d’opérer un changement vers plus de transparence, pour favoriser la visibilité tout au long de la chaine de valeur et contribuer à renforcer la confiance.

La traçabilité se heurte encore au manque de transparence de l’industrie et à la complexité de mise en œuvre de récolte des informations. Sans outils dédiés, remonter la chaine de développement est une route pavée d’obstacles. Les nombreux intermédiaires et la multiplicité des étapes de développement complexifient la collecte de données. L’héritage d’un système opaque avec réticence à partager les informations et à exposer son fonctionnement demeurent.

Un atout de responsabilité sociale et environnementale

La traçabilité s’avère être un outil de poids pour les entreprises pour faire évoluer les questions de responsabilité sociale et environnementale, et prouver les allégations des produits présentés comme durables, en partageant l’historique d’un produit.

La traçabilité transmet des éléments sur les différents composants du produit, ainsi que des informations tout au long de la chaine de valeur. Elle permet de s’assurer l’exactitude des données, telles que la qualité, la conformité aux normes réglementaires, et le respect des bonnes pratiques sociales et environnementales.

Elle aide notamment les marques et acteurs des chaines d’approvisionnement à savoir comment, quand, et à qui les commandes sont externalisées ou sous-traitées, et assiste le suivi de déplacement des commandes sur différentes zones géographique.

La mise en œuvre de système de traçabilité permet aux partenaires industriels d’avoir accès à des données fiables et complètes. Une fois ces données retracées, la transparence permettra à toutes les parties prenantes d’avoir accès aux informations pertinentes nécessaires pour prendre des décisions éclairées.

Les entreprises ont tout à gagner à mettre en place un système de traçabilité afin de répondre à leurs objectifs RSE, réduire les risques en examinant et identifiant les problèmes potentiels, pour sécuriser les approvisionnements et se concentrer sur l’amélioration des pratiques.


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Comment tracer une matière ?

Différents systèmes peuvent venir attester de la traçabilité d’un produit :

La ségrégation, système le plus fiable, implique que les matériaux et produits sont physiquement séparés des matériaux non certifiés, durant toutes les étapes de transformation. Le produit final est assuré qu’aucun mélange de produit certifié et non certifiés sont entrés en compte. C’est le cas de GOTS par exemple, qui nécessite des chaines de traitement séparées pour tout produit amené à être certifié.

Le bilan de masse, autorise à mélanger des ressources certifiées et non certifiées. Ce système garantit le volume de matériau certifié entrant dans la chaine de valeur, cependant la part spécifique de matières certifiées dans le produit final n’est pas communiquée la plupart du temps. Il est employé pour des approvisionnements complexes, ou lorsque les quantités sont faibles et ne permettent pas d’instaurer des chaines de ségrégation de matières.

C’est un système retrouvé notamment pour le coton BCI où la ségrégation est effectuée jusqu’à la balle de coton, puis lors de la transformation en fil c’est le principe de bilan de masse qui est appliqué. Il tend à être de moins en moins employé car il présente davantage de risques. Lors d’un mélange matière, la ressource conventionnelle additionnelle n’a pas d’obligation à être tracée, et peut donc être issue notamment de pratiques agricoles contestables ou de travail forcé. 

La traçabilité évolue et nécessite des investissements dans la technologie et les processus visant à suivre les produits tout au long des développements, quel que soit la complexité de l’approvisionnement. Les Puces RFID et QR code ont été parmi les premiers outils développés, et sont encore des supports notables pour partager l’information, cependant il est possible de les dupliquer ou falsifier assez aisément.


Mais alors, quels sont les outils et clés pour la mise en place d’une chaine de traçabilité fiable ?


 

Smart Key #1 : Simplifier les approvisionnements

La rationalisation des approvisionnements permet une base plus saine et plus simple pour déployer une chaine de traçabilité. Nombreuses sont les marques aujourd’hui qui resserrent leur offre, simplifient le panel des matières employées, afin de pouvoir se concentrer sur une meilleure maitrise globale des chaines de valeur.

Favoriser les fournisseurs verticalisés, et limiter le nombre de partenaires et intermédiaires facilite les démarches de traçabilité. Moins et mieux en somme.

Smart Key #2 : Retourner aux sources

Aujourd’hui, les solutions se développent pour établir un réseau d’approvisionnement tracé de bout en bout, du champ de coton ou du mouton à la mise en rayon. C’est l’approche de la plateforme The Sourcery notamment, qui vise la traçabilité de l’agriculteur au consommateur.

Une façon de collaborer au plus près, de consolider des investissements vérifiables, permettant de s’assurer des pratiques agricoles et des conditions de travail décentes.

Smart Key #3 : Tracer au cœur de la matière

Deux outils connaissent une accélération particulière, la blockchain, les marqueurs au cœur de la matière.

Véritable passeport numérique, la blockchain est un registre digital centralisé et sécurisé, présenté comme infalsifiable, permettant de collecter et agréger des informations tout au long de l’évolution du produit.

Crystalchain, Trustrace, Textile Genesis, parmi d’autres, accompagnent de nombreux acteurs, fournisseurs et marques, dans leur quête d’authentification des opérations.

Technique plus niche et qui connait déjà un essor fulgurant, les biomarqueurs d’Haelixa, les marqueurs moléculaires d’Applied DNA Science ou les nanoparticules luminescentes de FiberTrace® permettent d’incorporer au cœur de la fibre des traceurs résistants aux différents traitements et étapes de transformation. Grâce à des scanners spectromètres ou des tests en laboratoires, ils permettent de révéler les informations stockées au travers de cette empreinte incrustée au cœur de la matière.

Véritable enjeu de filière pour le cuir, le marquage au laser permet d’apposer un code en surface, sans altérer la peau, pour faire un suivi dès l’abattoir, et tout au long des procédés de tannages et finissage.


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