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Smart Key : Quels sont les fondamentaux de la bientraitance animale ?


Perçons les secrets des matières éco-responsables avec les Smart Keys. Au cœur des questionnements autour de l’écoconception, les Smart Keys s’intéressent à l’analyse des solutions disponibles pour vous accompagner dans un sourcing matière toujours plus éclairé. Aujourd’hui, intéressons-nous au bien-être animal. Incontestablement, les matières animales possèdent des qualités justifiant leur emploi dans la mode. Douceur et éclat de la soie, résistance et versatilité d’emploi des cuirs, capacités thermiques et confort moelleux de la laine, les matières animales ont connu un essor grâce au bénéfice apporté. Associées à une forme de naturalité, elles ont été un temps plébiscitées. Depuis, certaines pratiques mises en lumière pour la soie, la laine ou le cuir, ainsi que la montée de l’adoption d’un mode de vie végétalien, ont poussé la mode à réviser sa copie et à observer de plus près les conditions d’élevage, de tonte ou d’abattage des animaux liés à certaines matières fétiches.


Âmes sensibles s’abstenir

L’expression consacrée peut être perçue comme restrictive, car nul besoin d’être sensible pour réagir de manière épidermique face aux rapports et autres vidéos circulant sur les conditions de traitement des animaux dans les industries agro-alimentaires et mode.

Le bien-être animal est un sujet complexe et multiforme, avec des dimensions éthiques, économiques, culturelles, sociales, scientifiques et politiques. Si le devoir de vigilance présent en Europe s’applique à l’humain, qu’en est-il d’un devoir de vigilance animal ?

Anthropocentré ou centré sur l’animal ?

Le bien-être animal désigne l’état physique et mental d’un animal, en relation avec les conditions dans lesquelles il vit et meurt. De nombreuses voix s’élèvent pour rappeler qu’il ne s’agit pas d’adapter l’animal à son milieu mais au contraire de veiller à adapter l’environnement à l’animal.

Les actions humaines de bientraitance vont avoir pour effet le bien-être de l’animal. Mais sur quoi se baser pour définir et évaluer ces pratiques fondamentales ?


À lire aussi : Smart Key : Management environnemental, l’accélérateur du virage responsable de la filière cuir


Les 5 libertés animales

Ces 5 piliers ont été élaborés à la fin des années 60 par un comité technique britannique, en réponse au tollé déclenché par les révélations des pratiques intensives dénoncées dans le livre « Animal Machines » de Ruth Harrison. Ce texte fait référence depuis sa publication.

Le bien-être animal repose sur ces 5 critères conjugués ensemble pour garantir le bénéfice escompté. Ces critères ont ensuite été adoptés par de nombreuses organisations telles que l’OIE, l’Organisation Mondiale pour la Santé Animale, qui établit des normes internationales soutenant la santé et le respect du bien-être des animaux, alliées au développement socio-économique et à la durabilité environnementale.

Ces cinq libertés fondamentales ont été édictées pour garantir la dignité des conditions de vie et de mort des animaux, autour de critères de nutrition, d’environnement, de santé, de comportement et d’état métal

  • Absence de faim et de soif, grâce à un accès facile à l’eau et à une alimentation permettant une bonne santé.
  • Absence d’inconfort, en offrant un environnement approprié avec abri et une aire de repos confortable.
  • Absence de blessures et de maladie, à travers la prévention ou le diagnostic rapide des maladies, et leurs traitements appropriés.
  • Absence de peur et d’anxiété, avec des conditions d’élevage et des pratiques n’induisant pas de souffrance mentale.
  • Liberté d’exprimer les comportements propres à leur espèce, en fournissant un espace suffisant et des installations appropriées, et en assurant le contact avec leurs congénères.

Si les grandes lignes sont clairement posées, quels sont les leviers pour s’assurer de leur bonne mise en œuvre ?


Smart Key #1 : Remonter la chaîne de valeur pour mesurer les risques

Traçabilité et transparence, toujours aux premières loges des approches durables ! Il est impossible de transformer ce qui est peu ou mal connu. Origine, conditions d’élevage, de tonte ou d’abattage, il faudra pister les différentes étapes et collecter un maximum d’informations pour évaluer la situation.

Les chaînes de valeurs plus courtes, en regard direct avec le producteur permettent une meilleure gestion des risques. Cependant, sur des volumes importants ou sur des chaînes des valeurs dépendantes d’une autre filière, comme le cuir, ce suivi passe à un autre niveau de complexité.

Le Leather Working Group (groupe indépendant rassemblant les parties prenantes de l’amont et de l’aval de la filière cuir) inclura d’ailleurs une traçabilité obligatoire des peaux dans son nouveau protocole fin 2022 pour l’obtention de la certification.

La transition vers des filières plus vertueuses ne se fera pas en une nuit, et pour répondre aux challenges, la cartographie de la situation, la mise en place d’indicateurs et d’objectifs d’amélioration avec les parties prenantes (éleveurs, fournisseurs, ONG…) permettront de tracer une feuille de route.

La technologie offre aussi de nouvelles perspectives pour agréger et sécuriser les informations, avec marqueurs intrinsèques aux fibres, marquage laser des peaux, ou technologies blockchain avec des projets pilotes encourageants, commençant à arriver à une échelle conséquente.

Smart Key #2 : Le support des certifications

Plusieurs standards fixent de hauts grades de conditions d’élevage pour les filières laines, plumes et duvet. Ces normes sont auditées pour attester des bons traitements des animaux, des conditions de pâturage, de l’absence de pratiques douloureuses comme le mulesing ou le plumage à vif.

Pour les laines, RWS, le Responsible Wool Standard, RMS, le Responsible Mohair standard et RAS, le Responsible Alpaca Standard établissent des critères de bien-traitance. Concernant les cachemires, les certifications Good Cashmere Standard ou Sustainable Fiber Alliance accompagnent l’évaluation de ces fibres de prestige. Pour les plumes et duvet, RDS, le Responsible Down Standard reste le plus utilisé.

Les pratiques régénératives mettent elles aussi l’animal et son soin au cœur des élevages, avec des écosystèmes restauratifs veillant aux 5 libertés animales.

Smart Key #3 : Accepter une hausse des coûts pour permettre une évolution

L’éthique doit se réconcilier avec une réalité économique. La pression sur les prix et la performance des matières est la raison principale ayant amené la multiplication de certaines pratiques à risques pour l’animal.

Rapidité de tonte car cette étape ne rapporte rien, volumes de bêtes nécessaires pour pouvoir survivre économiquement avec un cheptel, mulesing évalué « meilleure » option en l’absence de proposition alternative rentable et efficace… la liste est longue de toutes les situations ayant entrainé des dérives. Ce qui reste sûr, c’est que la faible rémunération en amont a entraîné des aberrations sur la chaîne de valeur animale. Lorsque des coupes de budgets doivent être faits, c’est souvent l’animal qui paye l’addition.

Alors exiger des garanties de bien-être animal, c’est aussi accepter de payer pour permettre leur mise en place et leur pérennisation. L’affichage environnemental est à l’ordre du jour en Europe, son pendant social devrait également voir le jour dans les années à venir, alors… à quand un affichage officiel sur les conditions animales dans la mode ?


Sources :

  • Animal Welfare in Fashion 2020, the “new normal”, integrating more kindness to animals in a sustainable fashion future – Four Paws – Juin 2020
  • Protection et bien-être des animaux : les règles de l’UE – Parlement Européen – Janvier 2022
  • Comprendre le bien-être animal – Centre national de référence pour le bien-être animal
  • Bien-être des animaux d’élevage : l’étudier pour le favoriser – INRAE, Institut National de la Recherche Agronomique
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