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Dossier Spécial : Les nouveaux tempos de la mode

Toujours plus et toujours plus vite ! La crise a brutalement stoppé la course de la mode, amplifiant une réflexion déjà à l’oeuvre autour d’un tempo plus naturel et plus sain. Une révolution souhaitée par un nombre grandissant de créateurs mais également de consommateurs. Notre analyse et les explications des designers Pierre Mahéo d’Officine Générale et Nellie Partow de Partow qui ont tous deux participé à nos Digital Talks.

© Dorian Gaudin / Image courtesy
DITTRICH & SCHLECHTRIEM, Berlin / Photo Jens Ziehe

C’est une crise inédite qui bouleverse la planète entière, mettant à mal tous les secteurs de l’économie -et celui de la mode en particulier. Face à la pandémie, le secteur a choisi de relever la tête en accélérant les prises de conscience, en renforçant l’urgence de trouver des solutions aux problèmes posés. La mode est aujourd’hui au pied du mur, notamment face à la question fondamentale de ses rythmes jugés depuis longtemps caduques, comme le rappelait le directeur de l’agence de communication Lucien Pagès, en juillet dernier. Le secteur tout entier se sent dans une spirale du trop et du trop vite. Trop de vêtements, d’événements, de capsules et de collections, jusqu’à huit dans une seule année ! L’industrie de la mode est profitable et elle a eu tendance à pousser le bouchon au plus loin, répondant davantage à une dynamique commerciale qu’à une nécessité de créer plus. Nous avions le sentiment d’être dans une fuite en avant, sans possibilité de réfléchir et d’anticiper. La question n’est pas neuve. En quittant la Maison Dior en 2015, Raf Simons dénonçait déjà cela

De nombreux créateurs se placent désormais en ordre de marche pour revendiquer un nouveau rythme ; plus humain, plus conforme au cheminement naturel de la création. Avec, en creux, une nouvelle façon de penser le vêtement, à l’instar de Véronique Nichanian de la Maison Hermès, qui a toujours prôné le temps long. La création de vêtements qui durent, des vêtements objets qui savent dépasser les tendances. Tout cela vient évidemment contredire les calendriers en vigueur, comme le rappelle Pascal Morand, président exécutif de la Fédération de la Haute Couture et de la Mode, et intervenant clé de nos conférences. « Le système actuel s’articule autour des collections printemps-été qui arrivent en février et repartent fin mai pour faire place aux collections d’automne, auxquelles viennent s’ajouter celles d’hiver dès septembre. Tout cela participe en fait à un renouvellement permanent de l’offre, notamment pour la fast fashion où le système est décuplé.

© «Aazaard» by Jimmie Durham
/ Courtesy of the Artist and Collezione Giancarlo e Danna Olgiati, Photograph © Deniz Güzel.

Face à ce décalage vide de sens, certaines Maisons sont déjà en train d’organiser la riposte. Antony Vaccarello -pour Saint-Laurent- a décidé, en avril dernier, de se désolidariser des calendriers officiels des défilés et de présenter ses son rythme de création. Dans le même temps, quelque 40 acteurs de la mode et non des moindres -Dries Van Noten, Tory Burch, Marine Serre, Marie Katrantzou, des grands magasins comme Bergdorf Goodman aux États-Unis, Lane Crawford en Asie ou Selfridges en Grande-Bretagne- ont signé en mai dernier une « lettre ouverte à l’industrie de la mode » pour remettre les collections dans leur saisonnalité, au lieu de les faire précéder de six mois. La lettre vient opportunément rappeler les désirs des consommateurs -non, ils n’ont pas forcément envie d’un short en février et d’une doudoune en plein mois d’août- mais elle aborde également les questions de durabilité.

Car les rythmes de la mode constituent une sorte de boite de Pandore qui porte en creux toutes les interrogations. Combien de collections par an ? Avec quels vêtements ? Des créations plus vertueuses ? Et faut-il y intégrer l’upcycling ? En remettant le système en question pour produire moins mais mieux, éviter le gaspillage, voyager moins et présenter autrement les collections, c’est toute l’économie du secteur qui doit écrire une nouvelle histoire, celle d’une mode vertueuse et désirable. C’est en tout cas le souhait d’un nombre grandissant de consommateurs, comme le soulignait pour Première Vision Serge Carreira -Responsable des marques émergentes à la Fédération de la Haute Couture et de la Mode et maître de conférences à Sciences-Po Paris- « Il y a, plus que jamais, une exigence d’intégrité de la part des amateurs de mode. Une demande de transparence, de cohérence et de responsabilité qui vient s’ajouter à un appétit toujours vif pour la nouveauté ». À l’évidence le grand défi que doit relever le secteur, et tous les acteurs sont concernés. LB.

1/2 : Découvrez le témoignage de Pierre Mahéo, Fondateur d’Officine Générale ici

2/2 : Découvrez le témoignage de Nellie Partow, Fondatrice et directrice artistique
de Partow ici

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