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Smart Key : Mode et chimie… les liaisons dangereuses ?


Perçons les secrets des matières éco-responsables avec les Smart Keys. Au cœur des questionnements autour de l’éco-conception, les Smart Keys s’intéressent à l’analyse des solutions disponibles pour vous accompagner dans un sourcing matière toujours plus éclairé. Aujourd’hui, découvrons ensemble les mystères de la chimie. Mise en opposition avec la naturalité, la chimie est souvent perçue comme nuisible. Mais quels sont les bénéfices et risques réels de l’utilisation de procédés chimiques dans l’habillement ? Peut-on sereinement allier écoresponsabilité et chimie en toute sécurité ?


Quel rôle pour la chimie dans la création du vêtement ?

Si la mode est l’art de transformer une matière en un vêtement, la chimie est l’art de transformer la matière en métamorphosant ses caractéristiques. Perçue comme gage d’innovation pour certains, contre nature et menace pour d’autres, la chimie nous entoure au quotidien.

Les substances chimiques sont ajoutées pour donner un nouvel aspect, un nouveau toucher, des performances particulières à un matériau. Préparation, prétraitement, teinture, ennoblissement, tannage, les étapes de transformation chimiques sur la matière sont multiples avant qu’elle prenne son aspect et caractéristiques finales. La chimie reste une composante clé aujourd’hui de nos vêtements et accessoires.

L’impact des substances (allergène, irritant, perturbateur endocrinien, cancérogène, reprotoxique…) et leur encadrement a été particulièrement mis sur le devant de la scène au milieu des années 2000 avec l’entrée en vigueur du règlement Reach en 2007 en Europe, et les révélations de Greenpeace au travers de « Dirty Laundry » en 2011 et des « Dessous toxiques de la mode » en 2012.

Derrière, la machine se met en marche. Sous l’initiative Detox de Greenpeace nombreuses sont les entreprises qui vont s’engager à réduire 11 classes de substances épinglées par ces rapports. La démarche appelle l’industrie à se transformer, à contrôler la gestion puis exclure de sa chaine de valeur les substances identifiées à risque.


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Chimie… naturelle ou synthétique ?

Là où la confusion peut parfois naitre est que la chimie peut reposer sur différents composants, naturels ou de synthèse. Même les matières les plus naturelles reçoivent des traitements chimiques pour parvenir à leur forme définitive.

Au XXe siècle la chimie de synthèse est envisagée comme chantre de la modernité, comme moyen d’émancipation de la nature face aux problèmes d’approvisionnement, d’intempéries ou de saisonnalité. Elle est ensuite perçue au XXIe siècle comme destructrice de la nature à cause de la pollution engendrée.

Pourquoi la chimie inquiète ?

  • Justement car elle est partout ! Autour de nous tout est œuvre de transformation chimique, et sans procédé chimique nombre des produits nous entourant ne pourraient voir le jour.
  • Les molécules de synthèse employées restent un sujet d’attention, et potentiellement de risque, car l’incidence de certaines substances ou chaines de molécules, peuvent être moins connues.
  • Le nombre de substances utilisées : au fur et à mesure que les technologies évoluent, de nouveaux actifs entrent dans la chaine de valeur et nécessitent à leur tour d’être observés afin de pouvoir garantir sur le long terme leur non-toxicité. L’exposition est multiple et des traces sont fréquemment retrouvées dans les organismes et l’environnement
  • La persistance et la bioaccumulation : quelle est la durée de vie et l’impact à long terme de ces molécules ? Différentes substances entrent dans la création des produits et leur effet cumulé sur l’humain et la nature, reste un point de vigilance.
  • La dose fait le poison. L’exposition répétée peut générer une toxicité chronique, ou une exposition courte et importante peut engendrer une toxicité aigüe selon les conditions d’exposition aux substances.

Alors comment se prémunir de ces impacts ? La réponse en 3 Smart Keys


Smart Key #1 : Chimie verte, la réconciliation entre chimie et nature

La chimie verte apparait dans les années 1990, afin de prévenir ou réduire la toxicité chimique. Au travers de 12 principes, elle met en avant des pratiques plus sobres, plus sécuritaires, en analysant en temps réel les produits et leur impact sur l’environnement pour détecter la présence d’agents chimiques réputés toxiques, même à l’état de trace. Elle a pour vocation de choisir judicieusement les matières premières pour prévenir tout risque. L’emploi de ressources renouvelables, d’alternatives aux solvants et auxiliaires polluants est un fondamental.

Ainsi, un des principaux piliers est d’anticiper en amont, plutôt que de gérer les incidences au terme des productions. En effet, la prévention est primordiale. Même avec d’importants traitements, une fois déchargés en aval des développements, il peut être impossible de parvenir à une décontamination des effluents toxiques et de parvenir à une restauration complète.

Smart Key #2 : Monitorer les intrants

Si Reach est une base déjà solide en Europe, en l’absence de régulation alignée à l’échelle mondiale, il est du devoir des entreprises et de leurs fournisseurs de prendre le sujet à bras le corps afin d’établir des cahiers des charges stricts (listes de substances restreintes ou interdites) et une démarche d’amélioration continue.

Pour les accompagner, la plateforme ChemSec, identifie les substances à remplacer dans sa chaine de production et propose également une notation des producteurs chimiques les plus avancés, ainsi qu’une marketplace renseignant les alternatives sûres à employer.

La base de données BeHive® permet de son côté d’évaluer les intrants chimiques. Suite à l’enregistrement de l’étiquette via un simple scan, un inventaire est généré et permet de s’assurer de la conformité aux exigences environnementales des marques ou aux prérequis des certifications.

La certification Oeko-tex® Eco passport intervient elle aussi en amont, afin de tester et garantir l’utilisation d’intrants chimiques non toxiques dans les chaînes de valeurs du cuir et du textile.

Smart Key #3 : Contrôler de A à Z

De nombreuses certifications vont passer au crible les opérations, en établissant des interdictions de substances ou valeurs strictes pour tout intrant chimique employé, même d’origine naturelle, comme c’est le cas des contrôles effectués par GOTS ou l’EU Ecolabel.

Un des volets de Bluesign® est d’évaluer les unités de production afin de garantir la non-toxicité lors de la manipulation, l’emploi et le rejet des produits chimiques. Bluesign® accompagne des développements plus sûrs et plus durables, en indiquant les produits et procédés nocifs à remplacer par des alternatives plus responsables.

Désormais fréquemment retrouvé, OEKO-TEX® standard 100 pour le textile et OEKO-TEX® Leather standard vont venir vérifier l’absence de substances pouvant présenter un caractère de toxicité humaine. Ces tests peuvent être fait au niveau de la matière et/ou sur produits fini pour s’assurer de la non-contamination lors de la transformation du produit. Ils vérifient ainsi la conformité au règlement Reach et font figure d’antichambre de Reach, en allant au-delà, en fixant des valeurs seuils pour de certains produits chimiques toxiques, même si ceux-ci ne sont pas encore reconnus légalement comme tels.

L’association d’OEKO-TEX® standard 100 ou OEKO-TEX® Leather standard et d’Oeko-tex®STeP (démontrant les engagements environnementaux des unités de production) permet d’obtenir OEKO-TEX® Made in Green. Cette certification atteste ainsi que le produit fini textile ou cuir est exempt de substances nocives, et qu’il a été développé avec des procédés et conditions de travail responsables.

Dans tous les cas, au-delà de l’inspection des opérations de production en interne, le contrôle des effluents et émissions gazeuses est essentiel. C’est souvent là où le bât blesse. Les émanations gazeuses, l’évacuation des boues et eaux usées, peuvent en l’absence de traitement rigoureux, présenter une menace pour les populations et l’environnement, aux conséquences dramatiques, entrainant maladies chroniques, impacts sur la biodiversité, eutrophisation des eaux… et ce quel que soit la nature des opérations chimiques, naturelles ou de synthèse.

C’est ainsi que la Fondation ZDHC ambitionne d’éliminer tout potentiel rejet toxique. ZDHC, Zero Discharge of Hazardous Chemicals, est une feuille de route développée pour répondre à la campagne Detox de Greenpeace, à l’initiative de différents acteurs de l’industrie textile et cuir. La liste de substances restreintes indique les intrants à exclure ou à utiliser selon des concentrations définies.


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