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Comment designer de façon durable ? 

Lors de la création d’un vêtement, le travail du designer est de prendre en compte des éléments de style, de fit, de confort et de qualité. Mais depuis quelques années, les designers font face à un challenge de taille : diminuer l’impact environnemental des vêtements. En effet, 80 % de l’impact environnemental d’un vêtement est déterminé par des décisions prises au stade du design. Mais alors, comment designer de façon durable ? Tour d’horizon des leviers d’amélioration, depuis le choix des matières premières, jusqu’au façonnage, à la réparabilité et à la recyclabilité.

1. La longévité

Premier levier d’amélioration, la longévité d’un produit permet à son acquéreur de le porter le plus longtemps possible. Actuellement, la faible qualité des produits, associé à des prix de vente très bas et à l’appel incessant de la nouveauté, pousse les consommateurs à considérer les vêtements comme des objets à usage unique. Mais un produit de qualité doit pouvoir accompagner son propriétaire pendant de longues années. La réutilisation commence à être glorifiée sur les réseaux sociaux, pour contrer la culture de la mode jetable. En effet, plus un produit est porté, plus son prix et son impact par usage baisse. 

Comment concevoir un produit qui dure ?  

Le choix des matières est crucial. Des textiles de qualité, notamment à fibres longues, garantissent une meilleure tenue dans le temps. Les tests qualité attestent de leur résistance à l’abrasion et à la traction, de la solidité des couleurs, et de l’absence de boulochage. 

La réduction des déchets textiles peut s’opérer tôt dans la chaîne de valeurs, grâce à de nouvelles techniques de modélisation des matières et patronage 3D, qui diminuent le nombre de prototypes lors de la mise au point produit. Le travail du patronage peut limiter, voire éradiquer, les pertes de matière, grâce aux découpes zéro déchets. Une fois arrivé au stade de la production, une meilleure gestion des volumes permet de limiter la surproduction.


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2. La seconde vie et l’upcycling

La seconde main gagne de l’ampleur en mode, donnant naissance à un véritable nouveau marché. La revente est de plus en plus prisée par une jeune génération avide de designs uniques, à moindre coût et à moindre impact.

L’upcycling, quant à lui, vise à créer de nouveaux produits à partir de vêtements usagés ou de stocks dormants. C’est une nouvelle création, mais qui utilise un matériau pré-existant. En plus d’éviter l’usage de nouvelles matières, il peut représenter pour les jeunes créateurs une opportunité pour créer des pièces uniques avec un sourcing et une production locale.

Comment anticiper la seconde vie d’un produit ?

Là encore, la qualité prime. Des matières premières résistantes et un bon façonnage garantissent qu’un vêtement traversera les années. 
La notion de réparabilité est également centrale. C’est un sujet clé pour les accessoires et composants, dont les défauts techniques ont longtemps rétréci le cycle de vie des vêtements. Aujourd’hui, les fabricants proposent des zips et pressions réparables, qui peuvent considérablement rallonger la durée de vie d’un produit. Les marques peuvent également accompagner ce mouvement en proposant des services de réparation pour des mailles abîmées, des coutures cassées ou des déchirures.

3. Le recyclage

Il est aujourd’hui évident que les rythmes de productions de l’industrie ne sont pas tenables. Afin de sortir d’un mode de production linéaire où les vêtements sont produits, consommés et jetés, la recherche s’oriente vers plus de circularité, et vise à économiser les ressources, notamment grâce au recyclage.

Le recyclage textile est donc un enjeu majeur, porté par un gisement de textiles usagés qui semble quasi-illimité (chaque seconde, l’équivalent d’un camion poubelle de déchets de vêtements est jeté ou brûlé, soit 2 625 kg). 

Les options de recyclage sont en plein essor, et permettent de transformer un matériau usagé en textile, mécaniquement ou chimiquement. La laine bénéficie d’un savoir-faire historique de recyclage, le recyclage du coton est également fréquemment retrouvé en collection. Ces matériaux peuvent également être issus d’autres industries. Le polyester recyclé, par exemple, est pour l’essentiel fait à base de bouteilles en plastique (ou PET) recyclées.

Mais le véritable enjeu est de développer le recyclage de textile à textile, en boucle fermée. Le recyclage de textile à textile est aujourd’hui encore anecdotique, puisqu’il représente moins d’1% de la production textile mondiale.

Matériaux recyclés
© Unsplash

Comment créer un produit recyclable ?

Les compositions des matières affectent grandement leur recyclabilité. Fibres naturelles, artificielles ou synthétiques, chaque typologie de matière textile se recycle de façon différente. Il est aujourd’hui évident que plus une matière mélange des fibres différentes, plus le recyclage sera complexe, voire impossible. Les produits en mono matière sont à privilégier, car ils facilitent grandement le recyclage. 

Les accessoires et composants constituent un frein au recyclage, car ils doivent souvent être découpés pour qu’on puisse récupérer le textile. Pour éviter cette étape, une première option consiste à choisir des accessoires dans la même matière que le textile (exemple : composant en polyester sur un vêtement en polyester). Si l’on utilise des accessoires de matières différentes, comme les composants métalliques, on peut privilégier une nouvelle génération de composants démontables qui facilitent la fin de vie.


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4. La biodégradabilité

Il est nécessaire d’anticiper ce que le vêtement pourrait devenir à l’état de déchet. En tant que tel, il doit pouvoir avoir une désintégration la plus rapide possible. Dans la nature, un déchet organique se détériore rapidement et nourrit le sol, créant de la valeur lors de sa disparition. Les déchets textiles sont des matières transformées, dont les compositions et traitements chimiques entrainent une désintégration beaucoup plus lente. Ils s’amoncellent dans des décharges à ciel ouvert, et créent une grave pollution de l’air, du sol, et de l’eau.

Comment accélérer la biodégradabilité d’un vêtement ?

En sourçant des matières testées et certifiées pour leur biodégradabilité. Dans ce domaine, il faut se méfier des faux amis. Les fibres naturelles, par exemple, sont biodégradables lorsqu’elles sont brutes, mais ne le sont plus automatiquement après avoir subi des transformations (teintures, finissages et membranes). Les fibres synthétiques, en revanche, connues pour mettre plusieurs centaines d’années avant de se décomposer, peuvent aujourd’hui se trouver dans des formes intégralement biodégradables.

La biodégradabilité est affaire d’éco-conception : il s’agit de s’assurer, dès la création du produit, de caractéristiques améliorées de dégradation en fin de vie, et non d’induire le consommateur en erreur en laissant entendre que l’article aura une disparition aisée.

Différents paramètres entrent en compte : l’environnement (sol, eau de mer, eau douce), le taux d’oxygène, le pH, la température, l’humidité et les micro-organismes activant le procédé. Il faut distinguer les termes biodégradable, compostable, et compostable industriellement. Par exemple, pour être qualifié de biodégradable, un produit doit être désintégré au minimum à 90 % en 6 mois. Ces qualités doivent être appuyées par des tests et certifications telles que « OK biodegradable » pour faire foi.  

Les mentions « biodégradable », « se dégrade dans l’environnement », « ne laisse pas de résidus en fin de vie », « s’élimine de matière naturelle », ou autres formules approchantes sont interdites en France par la loi AGEC, sur un produit ou son emballage.

À échelle européenne, avec l’adoption de la directive Green Claims en mars 2024, il est désormais nécessaire de fournir des preuves et de soumettre à vérification sous 30 jours les allégations comme « biodégradable ».


À lire aussi : Smart Key : Tout savoir sur la biodégradabilité


Ainsi, les marques disposent de plusieurs outils pour designer de façon durable. Il s’agit d’anticiper la longévité des produits, leur seconde vie, leur recyclage et leur biodégradabilité. Retrouvez ces différents critères éco-responsables sur la marketplace de Première Vision, et sur nos prochains salons. 

Sources :
https://www.wri.org/insights/numbers-economic-social-and-environmental-impacts-fast-fashion
https://ellenmacarthurfoundation.org/news/an-introduction-to-circular-design
https://www.premierevision.com/fr/magazine/smart-keys-la-biodegradabilite/
https://fashionunited.fr/actualite/mode/pourquoi-recycle-t-on-si-peu-nos-dechets-textiles/2022091630398

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